samedi 21 février 2015

La ville, réseau de communication 2/2

Dès le XIXe siècle, la ville devient un réseau de communications particulièrement dense, vaste et complexe où s'interconnectent — à une échelle devenue territoriale — de multiples systèmes complémentaires de transport des personnes, des marchandises et des messages. Trains, tramways, autobus, métropolitain, ascenseurs publics — pour ne parler que des transports collectifs — irriguent en tous sens les métropoles modernes. La concentration d'une part toujours croissante des activités de la société moderne dans des pôles urbains géants a fortement stimulé l'invention et la généralisation de ces multiples technologies. Les artistes prennent pour thème la mobilité, devenue la nature même de la métropole, et décrivent les nouveaux modes de vie citadins.

petit journal
la ville - art et architecture en Europe 1870-1993
Centre Georges Pompidou
repenser la ville
ARCHIGRAM

Instant City, 1968-1970

Projet de ville nomade, Instant City marque l'aboutissement d’une démarche d'aporie architecturale entamée par Archigram avec Plug-in-City (1964). L'architecture disparaît, laissant place à l'image, à l’événement, à l'audiovisuel, aux gadgets et autres simulateurs environnementaux. Instant City développe l'idée d'une « métropole itinérante », un package qui s’infiltre provisoirement dans une communauté. Cette ville superpose, le temps d'un instant, de nouveaux espaces de communication à une ville existante : un environnement audiovisuel (des mots et des images projetés sur des écrans suspendus) s'associe à des objets mobiles (des ballons dirigeables avec des tentes suspendues, des capsules et des mobile-home) et à des objets technologiques (des grues à portique, des raffineries, des robots) pour créer une ville de consommation d'informations, destinée à une population en mouvement. Première étape d'un réseau d'information, d'éducation, de loisirs et d'équipements, Instant City est livrée aux secteurs périphériques entourant une métropole par une équipe de véhicules tout-terrain et d'hélicoptères. Ainsi, la communauté locale est intégrée dans la communauté métropolitaine. Cette idée d'infiltration vise alors à être complémentaire, plutôt qu'étrangère, aux communautés qui sont visitées. Par la suite, les véhicules seront transformés en dirigeables. Instant City est une ville instantanée qui arrive sur un site, crée un événement et ensuite disparaît, signifiant ainsi que l’architecture peut ne pas être construction et n’être qu’événement, action dans le temps présent. Instant City est aussi l’une des premières architectures de réseau, 25 ans avant l’Internet : réseau d’informations, flux, vecteur, rassemblant des fragments urbains dispersés. Elle est un scénario qui, une fois mis en acte, est soumis à une réécriture, celle de tous ses habitants qui vont l’animer. Instant City n’a donc aucune forme fixe, aucun préalable. Elle témoigne d’une représentation impossible, celle d’une ville qui n’a pas d’existence en soi, qui n’est qu'un incident dans le temps et dans l’espace. Dialectique entre permanent et transitoire, mobile et éphémère, Instant City incarne l’utopie d’une architecture libérée de tout ancrage, d’une ville volante et aérienne et transforme l’architecture en situation, en environnement réactif. L’architecture s’y donne à la fois comme objet de consommation et création d’un environnement artificiel.

source : http://www.frac-centre.fr/collection/collection-art-architecture/index-des-auteurs/auteurs/projets-64.html?authID=44&ensembleID=113